L'Alhambra et le Généralife

Un joyau de l'architecture hispano-musulmane

L'histoire de l'Alhambra est liée à la dynastie des Nasrides mais ses origines remontent plus loin dans le temps. L'on sait que dès le IXème siècle, il y eut des constructions arabes sur des ruines romaines, sur la colline de Sabika sur laquelle furent construits plus tard la forteresse et ses palais. En 1031, les Ziríes, qui règnaient sur le royaume de Taifa choisirent la ville de Grenade comme capitale. La cour s'établit dans l'Alcazaba Cadima, une forteresse située dans le quartier de l'Albaicín où la ville se développe, peu à peu, au pied de la colline.
Le XIIème siècle est marqué par les luttes entre les Almorávides et les Almohades. La population de la ville augmente rapidement en recevant les musulmans venus des terres conquises par les chrétiens plus au nord mais aussi des habitants d'Afrique du Nord qui arrivent aussi pour se protéger des guerres. En 1238, Al-Ahmar, fondateur de la dynastie nasride, s'installe dans la vieille Alcazaba de l'Albaicín, remarque les ruines sur la colline et décide de commencer la reconstruction de la forteresse et des palais. À ce moment commence la création des bâtiments arabes actuels.
L'Alhambra fut un ensemble de palais, de bâtiments administratifs et une forteresse, où résidaient les sultans nasrides, les hauts fonctionnaires, les serviteurs de la cour et les soldats d'élite. Au XIVème siècle, pendant les règnes de Yusuf I (1333-1354) et de Muhammad V (1362-1391), l'ensemble atteignit son époque de plus grande splendeur. À ses pieds, la ville continua de s'agrandir et sa population d'augmenter pratiquement jusqu'à sa conquête par les chrétiens à la fin du XVème siècle.
Après la prise de Grenade par les rois catholiques en 1492, l'Alhambra devint propriété de la Maison royale espagnole. Les rois y firent de nombreux travaux de réparation, utilisant le savoir-faire des artisans morisques. Leur petit-fils, l'empereur Charles Quint, décida en 1526 la construction sur le site de l'Alhambra du palais portant son nom, de style renaissance. La Maison royale espagnole continua ensuite d'utiliser l'Alhambra jusqu'à son abandon progressif au début du XVIIIème siècle.
Sur le point d'être volontairement détruite en 1812 par les troupes napoléoniennes, l'Alhambra fut sauvée au dernier moment de la destruction totale. Grâce à la passion de Washington Irving pour le monument, au mouvement romantique et à l'orientalisme du XIXème siècle, l'intérêt de la bourgeoisie internationale cultivée pour les palais de l'Alhambra se développa et, après 1870, séparés du patrimoine de la Maison royale, ils devinrent « monument national ».
A partir du début du XXème siècle, les travaux de sauvegarde s'intensifièrent pour devenir, aujourd'hui, un ensemble protégé de grande valeur architecturale et historique.

Un ensemble palatial remarquable

L'Alhambra est une ville fortifiée située sur une colline qui domine la ville de Grenade et qui possédait ses propres murailles. L'Alhambra pouvait donc fonctionner de manière autonome et on y trouvait tous les services nécessaires à sa population et à la famille royale : palais, mosquées, bains, entrepôts, ateliers, écoles, etc.
La partie la plus ancienne des bâtiments de l'Alhambra est constituée par l'Alcazaba, la forteresse, qui défendait la colline. Ses premiers bâtiments datent du XIème siècle et furent modifiés et agrandis par la suite. Depuis ses tours et sa muraille, elle propose au visiteur des vues exceptionnelles sur la ville de Grenade située à ses pieds.
Les palais Nasrides sont les joyaux de la Medina de l'Alhambra. C'est un ensemble formé par le palais de Comares, le plus ancien, et le palais des lions. Ils furent construits après l'Alcazaba, le Généralife et le Partal, au début du XIVème siècle. C'était à la fois un ensemble administratif, de protocole et un espace privé des rois de Grenade, où les patios et l'eau sont aussi importants que les bâtiments eux-mêmes. L'utilisation du marbre, surtout pour les sols, d'azulejos et de sculptures de stucs finement travaillées sur les murs donnent à l'ensemble une élégance exceptionnelle, encore renforcée par les travaux des voûtes, des arcs, des chapiteaux et des portes. Les motifs des décorations sont basés sur les végétaux et des phrases de poètes et du Coran. L'on retrouve aussi souvent la devise de la dynastie Nasrides « Seul Dieu est vainqueur »
Le Patio des Lions, situé au coeur des palais Nasrides, est le plus connu des nombreux patios de l'Alhambra. C'est un bon exemple du luxe avec lequel ils étaient décorés et de l'importance des espaces ouverts dans les constructions de l'Alhambra. Construit à partir de 1377, il est bordé d'une élégante galerie de 124 colonnes de marbre blanc et les salles qui l'entourent sont reliées par des petits canaux d'eau. En son centre se trouve la fontaine qui lui donne son nom. Elle date du XIVème siècle et ses lions, comme sa vasque, sont en marbre blanc.
A côté des palais Nasrides, le palais de Charles Quint fut construit à sa demande à partir de 1527 dans un style renaissance qui offre un contraste spectaculaire avec les constructions arabes. Il accueille aujourd'hui le musée de l'Alhambra.
Le Généralife, est un palais d'été utilisé par les rois musulmans comme lieu de repos. Il est surtout pensé comme un espace de tranquillité au milieu de la nature, et il est essentiellement composé de jardins ornementaux, de potagers et de bâtiments de taille réduite ouverts et intégrés dans la nature. Il fut construit entre les XIIème et XIVème siècle. L'harmonie créée par l'utilisation de l'eau, des plantes et des constructions est remarquable. Les jets d'eau, fontaines et bassins, aux coeurs des espaces formés par les plantations et les élégantes galeries, sont un lieu de promenade privilégié.
Il est impossible de raconter et décrire l'Alhambra et ses jardins. Il faut la parcourir pour comprendre pourquoi le voyageur désire toujours y revenir...